Engelbertus Admontensis (v. 1250-1331)

Personne
 
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Personne physique  
Engelbertus Admontensis  
Engelbert d'Admont  
ca 1250  
1331  
Homme(s)  
   

Grand savant de Styrie, théoricien de la musique, auteur de plus de 35 œuvres philosophiques et historiques – Abbé bénédictin d’Admont (1297-1327), après y être entré en 1267 –A étudié à Prague et à Padoue (1274-1283). Natif de Styrie, Engelbert fut le plus renommé de la longue lignée des abbés d’Admont, et un des plus grands penseurs de l’espace germanique des XIIIe-XIVe siècles. Son œuvre multiforme compte au moins 39 textes couvrant des thèmes théologiques, politiques, moraux ou relatifs à la nature. Pourtant, ni le personnage, ni l’oeuvre n’ont fait l’objet d’études approfondies. Quoique le Opusculum de ortu, progressu, statu et fine Romani imperii ait été édité en 1553 et que les frères Pez aient édité plusieurs de ses textes au XVIIIe siècle, et si l’on excepte les travaux isolés d’Amandus Pachler, Albert Anton von Muchar et Jacob Wichner sur des points plus précis, Engelbert est quasiment tombé dans l’oubli jusqu’aux travaux d’Andreas Posch, puis d’Ernst Schultz dans les années 1920. A partir des années 1940, George B. Fowler s’est intéressé de manière intensive à l’abbé d’Admont et a entrepris diverses éditions de textes, relayé ensuite par Karl Ubl qui a consacré de nombreuses contributions à l’œuvre d’Engelbert, et livré des éditions du Tractus de libero arbitrio et du Speculum virtutum moralium. Pia Ernstbrunner a quant à elle édité le Tractatus de musica. Malgré ces publications récentes, toutes les œuvres d’Engelbert ne sont pas encore éditées, en particulier l’une des plus riches, l’Exposicio continua super psalmum CXVIII. Le Tractatus de naturis animalium était resté dans l’ombre jusqu’à la publication de Theodor Köhler en 1998 et, en 2007, l’excellent mémoire de licence en histoire que lui a consacré Max Schmitz (la présente notice est fondée sur son travail). Né autour de l’an 1250 en Styrie, Engelbert d’Admont est probablement le fils de la famille aisée Poetsch (il faut écarter l’hypothèse de son appartenance à la famille des Volkersdorfer). Il reçoit une première éducation au monastère bénédictin d’Admont, dont la bibliothèque est très riche. Il y fait ses vœux en 1267. Dans une lettre à maître Ulric de Vienne, recteur de l’école St-Étienne à Vienne (« Stephansschule »), Engelbert retrace lui-même les étapes de sa vie ; cette lettre est donc la source essentielle de renseignements bio-bibliographiques. En 1271, Engelbert part étudier la grammaire, la logique et la philosophie naturelle d’Aristote à Prague, à l’école cathédrale de St-Guy (« Vyšehrad »), où il est l’élève des maîtres Oscunus et Bohemil et de l’écolâtre de la cathédrale et futur évêque de Prague (1296-1301), Grégoire Zajic de Hasenburg. L’élection de Rodolphe I d’Habsbourg (1er octobre 1273) et la confirmation papale (26 septembre 1274) de celui-ci comme roi des Romains entraîne des troubles politiques qui aboutissent à l’éviction, par Ottokar II Premysl, des étudiants autrichiens et styriens de Prague pendant l’hiver 1274-1275. De retour à Admont, Engelbert écrit son premier ouvrage De electione regis Rudolphi sous l’impulsion d’un ami, Jean von Ennsthal, évêque de Chiemsee (1274-1279) et chancelier du roi Rodolphe, à qui Engelbert offre la première partie de l’ouvrage (lors du passage du roi à Admont en 1276). Il reste peu de temps à Admont et se joint à un groupe d’étudiants qui part pour Padoue. Pendant cinq ans (vers 1276-1281) il continue son parcours universitaire dans ce haut lieu de l’aristotélisme, aussi influencé par l’averroïsme. Parmi ses maîtres, il mentionne Guillaume de Brescia (Guillaume de Corvi, †1326), professeur de logique et de philosophie, lui-même élève de Taddeo Alderotti (1223-1295), un des grands médecins et intellectuels du 13e siècle. Après le départ de Guillaume de Brescia, Engelbert étudie de 1281-1285 (?) la théologie au monastère dominicain de S. Agostino de Padoue, lié à l’université. Il n’y a pas de faculté de théologie à Padoue : s’y trouve un studium particulare subordonné au studium generale de Bologne où l’enseignement est presque exclusivement fondé sur les Sentences de Pierre Lombard. Cependant, les œuvres de Thomas d’Aquin marqueront le début de la production intellectuelle d’Engelbert. A cette époque, Engelbert copie des extraits des œuvres aristotéliciennes et ramène ses manuscrits en Styrie, où il est un des premiers à introduire la pensée aristotélicienne. À Padoue il fait connaissance avec le système politique d’une ville-État où les juristes et notaires favorisent la naissance d’un cercle de savants intéressés par les auteurs antiques. Il retourne au moins une fois dans sa patrie au cours de ses études padovanes, et entreprend probablement aussi un voyage à Venise où il découvre des cartes maritimes et une boussole. En Italie, il copie des textes et acquiert des manuscrits enluminés qu’il emportera à Admont lors de son deuxième retour. De retour dans son monastère, il consulte et lit les originalia. Après cet épisode, il sera onze ans le 46e abbé de St-Pierre à Salzbourg. Le 25 juin 1286, il émet sa première charte en tant que supérieur de la plus ancienne abbaye des pays germanophones (la dernière charte date du 27 mars 1297). Il est possible qu’on puisse identifier le diacre Engelbert, mentionné en 1283 et 1284 dans les diplômes d’Admont, avec l’abbé Engelbert. C’est suite au meurtre de l’abbé Henri II qu’Engelbert est élu abbé d’Admont en juin 1297. Les opinions d’Engelbert sont difficiles à caractériser sur la base de ses oeuvres, car il épouse à la fois des idées aristotéliciennes, impériales et « orthodoxes » approuvées par l’Église Romaine. Il établit de bons contacts avec les souverains habsbourgeois et dédie aux fils d’Albert I de Habsbourg le traité Speculum virtutum moralium. Parmi ses amis, Engelbert compte l’archevêque Conrad de Salzbourg auquel il dédie la préface du Psaume 118, l’abbé Jean de Viktring et le maître Ulric de Vienne. Il entretient des rapports personnels avec moult évêques et abbés. Le moine Jean de St-Lambrecht met sous le patronage d’Engelbert son traité De eo, quod liceat praedicare monachis. Ces contacts diplomatiques sont nettement meilleurs que ceux qu’il entretient apparemment avec certains de ses moines qui le considèrent trop préoccupé par ses livres. Il prend position contre la thèse d’impanation (transsubstantiation) de Jean Quidort dans le traité De corpore domini (1305-1306). Il est probable que ces thèses parisiennes lui aient été inspirées par son ancien maître Guillaume de Brescia. Son abbatiat à Admont est marqué par une croissance économique, sociale et artistique. Il reste à la tête de l’abbaye jusqu’à son abdication en 1327 pour s’adonner à sa passion des livres. Il meurt autour du 16 mai 1331.  
auteur(e)  
   

philosophe  
   

théologien  
   

scientifique, naturaliste  
   

historien  
   

Religion/clerc régulier/abbé, abbesse  
   

chrétien/catholique  
   

        
Hanno Wijsman (15/05/2019 10:27)
Elisa Lonati (04/04/2023 12:55)